top of page
ateleir 6.jpg

PEINTURES

La dérive de l'incontinent

 

Le châssis est là. Il impose son format carré, abstrait, et ses dimensions, un peu plus grandes que la taille d'un homme. Les toiles sont agrafées sur ses bords et cousues entre elles. Une ligne de points de suture les réunit défiant la planéité du tableau. Thierry Rat applique ensuite avec soin une touche répétitive et insignifiante, une double virgule, qui va recouvrir entièrement la toile vierge. Par petite goutte, longeant le chemin tout en contrariant notre sens ordinaire de la lecture, cette écriture automatique part à la dérive et charrie avec elle plusieurs nuances de rouge et d'orangé. La faille s'étend aux autres toiles pour former un panorama de surfaces peu épaisses aux couleurs de la lave. Pas de risques d'éruption, mais plutôt l'expression en surface de mouvements de convection, une dérive superficielle d'une tectonique en profondeur, celle de l'incontinence. Le manque de tempérance et la perte de contrôle ne sont plus définis par l'excès exultant, exorbitant, mais par l'agencement mouvant de la matière.

 

Barbara Forest, conservatrice du musée de l'Aubette 1928,Strasbourg.

bottom of page